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Biographie de Paradis
Recto Verso est le fruit d'un long travail commencé en mars 2013 et qui s'est achevé en ce début d'année 2016. Presque trois ans plus tard.
Autant dire une éternité dans une époque où l'impatience nous dicte ses règles. Trois ans pour un premier album, cela va à l'encontre de toute logique, mais qu'apporte la logique à une démarche artistique ?
Paradis a donc pris son temps. Comme toujours serait-on tenté d'ajouter à propos du duo que forment Simon Mény et Pierre Rousseau.
Un premier maxi en 2011 (Parfait Tirage/La Ballade de Jim, réinterprétation du succès d'Alain Souchon), un second en 2012 (Hémisphère/Je m'ennuie), un EP en 2015 (Couleurs Primaires); quelques remixes (notamment pour Christine & The Queens, qu'ils
accompagnent en première partie le temps d'une tournée), des collaborations dans la mode (une performance pour un défilé Acne Studios au Centre Pompidou, deux t-shirts avec A.P.C.) et une bande originale entre temps (un court métrage de Sacha Barbin, Mes Amours Décomposé(e)s). A chaque fois l'aura de Paradis a grandi et le duo s'est doucement installé comme l'un des meilleurs espoirs de la scène hexagonale.
L'histoire de Paradis commence à Paris en 2010. Une soirée organisée par des amis communs, et l'évidence d'une collaboration qui s'impose au fil de la discussion.
Qu'avaient-ils à partager ? Une enfance à l'étranger (Pierre a grandi à New York et Londres, Simon à Buenos Aires et Lisbonne), des goûts musicaux contraires, ou peut-être complémentaires, donc attirants.
Pierre aime la musique expressive, explore alors les mythes libérateurs du disco et du garage : West End Records, Arthur Russell, David Mancuso ... Simon, lui, est dans le triste, minimaliste : la techno allemande du label Dial, le sampling mélancolique de Dj Cam. Ensemble, ils prennent une claque avec Can U Feel It, de Larry Heard, alias Mr. Fingers. Un titre fondateur de la deep house américaine, sorti il y a trente ans, en 1986. Sa rythmique est ultra syncopée, ses harmonies d'une simplicité redoutable, de celles dont on ne se lasse jamais. Le morceau les soude, devient à leurs yeux comme un exemple.
Les premiers titres naissent. A quatre mains, plus une voix, celle de Simon, en français.
Parce que dans leurs discothèques respectives, le chilien Matias Aguayo chante en espagnol, Jürgen Paape le cofondateur de Kompakt, en allemand, et que l'accent tonique ne s'improvise pas aux yeux de Pierre qui, par ailleurs, a toujours pensé qu'Air sont plus touchants lorsqu'ils susurrent « Le soleil est près de moi ». Même chose dans l'esprit de Simon, pour qui la musique française est celle des vacances en France. Une sorte de fantasme, un langage presque exotique.
Alors Pierre et Simon débattent, s'écharpent parfois sur un nombre de syllabes en quinconces, un « toi et moi » au lieu d'un « elle et lui », afin de toucher, toujours, à l'universel, quitte à créer parfois le malentendu : comme cette manie de faire des chansons qui se dansent et qui s'écoutent au point, qu'un jour, rêvent-ils, « les gens puissent oublier l'idée de musique électronique, comme en club les gens finissent par oublier le DJ ».
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