Concerts de D.i.v.a
Biographie de D.i.v.a
C'est donc l'histoire de deux brillantes chanteuses au fort tempérament qui se produisaient sur différentes scènes de France et d'ailleurs.
Très bien formées (à la Maîtrise de Radio-France) à déchiffrer n'importe quelle partition à l'endroit, à l'envers, et même les yeux fermés, elles découvraient le monde réel avec inquiétude. Un monde de compétition impitoyable où les sentiments humains semblaient en option.
Flore Philis trouvait de bonnes productions en Angleterre, quoique chichement rémunérées pour acquitter un loyer exorbitant. Marie Menand vivotait au pays de Molière en se demandant ce qu'elle venait faire dans cette galère.
Rêvant de grands airs de prime donne, elles se sont rencontrées sur une production de Don Giovanni de Mozart. Comme des curistes en station thermale qui fantasment sur des farandoles de desserts, elles ont commencé à imaginer un projet original autour de l'opéra, façon mash-up (collage). Un projet pour faire découvrir et aimer l'opéra au grand public, tout en leur permettant d'aborder les rôles dont elles rêvaient : Carmen, Violetta, Flora Tosca. Et pourquoi pas Leporello ou Scarpia ! Un projet de filles, de filles délirantes, plus Pedro Almodovar qu'Ingmar Bergman.
Elles en ont parlé à Manon Savary qui a aussitôt traduit leur chimère par une image : cinq poupées sortant d'une boîte, avec des coiffures de folie, et un maquillage de carnaval de Venise. La metteur en scène a même extrait des malles de son père cinq tenues parmi les plus extravagantes du Grand Magic Circus.
Ces cinq poupées seraient cinq personnages typés : la Peureuse, la Bêcheuse, la Décalée, la Coléreuse, la Diva Ultime dans une véritable histoire à rebondissements. Chaque personnage chanterait des bouts d'arias et de duos puisés dans le grand répertoire (de La Flûte enchantée à Tosca) habilement découpés et harmonisés. Dix minutes, montre en main ! Une mise en scène rythmée, des vidéos, des effets spéciaux, la production ne reculant devant aucun sacrifice.
Seule règle : s'amuser, mais ne pas trahir la musique. Les filles ont donc recruté un « magicien » pour arranger, transposer et réduire sans abîmer. Le compositeur Olivier Rabet s'est employé à mitonner des partitions aux petits oignons, sans cuisiner au rabais. Il a même réussi à faire entrer un orchestre symphonique dans le chas d'une aiguille, obtenant un quatuor à cordes. Quatre musiciens d'élite, quatre personnalités délicieuses et un résultat que d'aucuns jugeront délictueux. Mais comme dit la chanson : La victime est si belle et le crime est si beau.