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L'élégance intacte d’un ex-Smiths sans nostalgie : Johnny Marr en concert à Paris. On y était, on vous raconte !
24/10/2025

L'élégance intacte d’un ex-Smiths sans nostalgie : Johnny Marr en concert à Paris. On y était, on vous raconte !


Quelques mois après le passage de Morrissey, la voix et le visage le plus connu des Smiths, c'est au tour de Johnny Marr, compositeur du répertoire mythique, de faire son retour à Paris, ce mercredi 22 octobre 2025 sur la scène de l'Elysée Montmartre.
De l'époque révolue en question, la soirée reprend aussi la tradition de proposer une vraie première partie avec un groupe qui fait parler de lui outre-Manche, alors qu'il ne serait pas encore possible de les voir en France si le « Smith » ne les avait embarqués en tournée.


The Clockworks, irlandais exilés à Londres, ouvrent avec un set rodé comme leurs « cousins » Fontaines D.C., et intense comme leurs aînés du post-punk. Le groupe a été signé par Alan McGee, l'homme qui a découvert Oasis il y a 35 ans et dont il dit avoir enfin retrouvé la même excitation des débuts. La filiation avec l'ex-Smiths est plus évidente qu'avec les frères Gallagher, pour leur style urgent et moins sixties.

Une courte pause avant d'accueillir Johnny Marr, à l'heure comme un coucou suisse pour un set précis d'une heure trente, permet de nous rappeler son parcours de guitariste jamais à l'écart des claviers et des boîtes à rythmes, ayant joué avec Matt Johnson (The The), Neil Tennant (Pet Shop Boys) ou Bernard Sumner (New Order). Avant sa montée sur scène, résonne un vieux titre d'Ultravox (période John Foxx - 1978). La salle encore allumée offre un autre constat flagrant de nuance avec les concerts de Morrissey : la minorité de t-shirts à l'effigie des Smiths. Le public vêtu de sa propre histoire de la musique est même plutôt rare et affiche le label de soul Stax ou carrément le hard rock de Judas Priest !


À 61 ans, le Mancunien débarque épanoui et débarrassé de toute nostalgie, ce qui, là encore, tranche avec son ancien acolyte dont les déclarations récentes et les messages codés sur scène certifient que la brouille est irrécupérable. Toute offre de reformation des Smiths est assurément impensable, quelle qu'en soit la forme, l'idée ou la pelletée de dollars. Il fallait d'autant plus ne pas manquer cette tournée solo du guitariste chanteur. Johnny Marr ne glisse aucune allusion amère à la période d'or, et choisit de l'évoquer le plus naturellement possible en intégrant six standards des plus attendus.
Là aussi, une posture différente par rapport à l'ex-chanteur : This Charming Man, Bigmouth Strikes Again, Panic, There Is a Light That Never Goes Out, How Soon Is Now?, Please Please Please Let Me Get What I Want - tous repris en chœur d'un bout à l'autre de la salle par un public qui connaît de tête couplets et refrains. Un chaleureux témoignage que l'audience lui donnera même sur ses « hits » solo (Easy Money).
Une bonne chanson est intemporelle et reste une bonne chanson, même chantée par d'autres. Johnny Marr l'a encore prouvé en ressuscitant ses grands souvenirs (Smiths, Electronic) ou en reprenant Iggy Pop.

 

Un concert qui permet aussi d'observer son intrigant jeu de guitare sans en percer le mystère. À l'oreille et en fixant ses mains, tout semble évident et plutôt accessible, alors que chaque guitariste ayant joué des parties de Johnny Marr témoigne d'une complexité. Au mélange d'accords et d'arpèges s'ajoute ce son, signature exceptionnelle, évoquant autant le rock'n'roll originel que la rumba congolaise.
Ces lignes de guitare qu'il garde et sème partout où il passe, imprègnent un tout nouveau titre révélé mercredi et lui donnent un esprit The Queen Is Dead, l'album totem des Smiths en 86. Très en forme et toujours aussi inspiré, Johnny a souhaité terminer sur un message d'espoir, illustré par un hymne de ce même grand album des Smiths : « Il y a une lumière qui ne s'éteint jamais. » La salle se rallume et les visages certifient ce refrain.

Report Live par Hervé Riesen

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