INTERVIEW / Thylacine : "La musique, elle doit sortir de tes tripes"
De son vrai nom William Rezé, angevins d'origine, Thylacine sort le 27 Novembre prochain son album Transsiberian, enregistré en intégralité à bord du Transsibérien. Il nous a accordé quelques minutes de son temps lors de son passage au Nancy Jazz Pulsations.
Qui se cache derrière ce nom de loup de Tasmanie, Thylacine ?
Je ne me suis pas tout de suite devenu le Thylacine de la musique électronique ! Au départ, j'avais une formation de Saxophoniste au conservatoire. Je suis arrivé à la musique électronique il n'y a que 5 ans. Je voulais faire quelque chose de plus personnel, pour avoir la liberté de composition. J'ai découvert ce monde par hasard, en composant. Ca m'a permis d'augmenter mes capacités de composition solo.
Sur le morceau Berlingot, on sent des sonorités africaines inhabituelles. En live, tu prends même ton pad à la manière d'un tamtam. D'où vient cette volonté ?
Il a quelque problème depuis quelques jours, j'espère qu'il va fonctionner ce soir ! (NDLR : Tout a fonctionné !) En réalité, être comme ça sur scène, ca me permet de transformer les machines en instrument. Sur Berlingot, la rythmique est compliquée. Prendre le pad autour du coup c'est plus simple et ca me rappelle le saxo !
Comment es-tu devenu l'artiste que tu es aujourd'hui ?
Je ne me suis jamais vraiment posé de questions, j'ai toujours fais ce qui me plaisait. C'est une évolution, je fais ma musique sans me poser des questions. Je ne pourrais même pas me classer dans un style de musique propre.
Superpoze m'a dit la même chose il y a quelques minutes, vous êtes proches comme artiste !
Quand tu te poses des questions, c'est mauvais signe. Dans l'art tu fais quelque chose qui te sort des tripes. Tu dois avoir la nécessité de créer. Je ne sors pas des EPs pour sortir des EPs... J'ai un véritable besoin de composer. Je me laisse embarquer, et je vois où est ce que ca m'emmène.
C'est long le transsibérien ?
C'est 160h ! Mis bout à bout c'est une semaine complète enfermé dans un train. On s'est arrêté dans des grandes villes et dans des villages quelques jours. J'ai rencontré des personnes exceptionnelles. J'ai passé deux jours avec un Chaman dans sa yourte. On discute avec des enfants, des mamies... C'est beaucoup plus qu'un album qui va sortir le 27 Novembre, c'est une véritable expérience, une aventure.
Tu as pu récupérer des sons avec les personnes que tu as rencontré, quand tu sortais...?
En réalité, on était une équipe de cinq personnes. A coté de l'album, il y aura une petite série de 10 vidéos qui va retracer notre parcours pour la composition de l'album. L'ingé son m'a permis de garder des sons d'une qualité parfaite. D'habitude, je ne sample jamais, mais avec ce cadre, c'était génial de pouvoir enregistrer et tout travailler dans le train. C'est un sample avec une histoire, une rencontre. C'est ce que je recherche dans la musique.
Qu'est ce que tu retiens de ce voyage ?
Je retiens que je veux vite repartir pour le prochain album ! J'ai une logique de création qui raconte une histoire. Je trouve ca fort de vivre ce voyage, c'est quelque chose d'à part. Dans le transsibérien, c'est génial au point de vue artistique. Le but de la musique c'est d'échanger, c'est vraiment ce que j'ai ressenti lors de ce périple.
Tu es un artiste qui aime échanger, après quelques semaines au centre pompidou, tu as donné un cours à quelques chanceux lors du Nancy Jazz Pulsations. Ca s'est bien passé ?
Très bien ! J'ai passé trois heures avec 12 personnes à expliquer ma manière de penser le live, ma manière de le travailler. J'ai aussi expliqué au niveau technique, l'utilisation de mon matériel etc ... Pour moi, la musique c'est vraiment de l'échange. J'aime pouvoir collaborer, ca me nourrit. Si je restais tout seul dans mon coin, je tournerais en rond musicalement.
Il y a quoi en ce moment dans ton iPod ?
J'écoute beaucoup d'électro car je trouve qu'il y a plein de richesse dans cette musique. Le dernier EP de Para One est vraiment bon, mais je fais des rechutes de temps en temps avec par exemple Led Zeppelin ou Pink Floyd !
Maxime Fremy
Reportconcert.fr