INTERVIEW / Superpoze, en concert à Montréal, s'est prêté au jeu des questions !
En passage à Montréal dans le cadre de sa tournée nord américaine de présentation de son dernier album « For We The Living », nous avons passé quelques minutes avec Superpoze, un an et demi après l'avoir rencontré lors de son concert au Nancy Jazz Pulsations.
Quelques heures avant d'entrer sur scène, le ventre vide, aussi décontracté qu'attentif, Gabriel Legeleux alias Superpoze nous reçoit dans le hall d'un l'hôtel rue St Catherine. Toujours très passionné et pointu dans ses réponses, nous allons aborder avec lui son évolution depuis un an, ses collaborations successives, et son approche des concerts lives.
En un an et quelques mois, tu es passé du concert au Nancy Jazz à la présentation en
avant première de « For We The Living » dans le magazine américain Billboard. Comment
vis-tu cette popularité grandissante ?
Je n'ai pas les elements clefs d'un artiste populaire avec un beau single ou un gros buzz. Je ne veux pas jouer au jeu des singles. Ce n'est pas mon sport. Mon évolution a toujours été progressive. Au début, quand je sentais que les gens commençaient à me connaitre j'étais forcément excité. Et depuis, c'est une ascension permanente et assez douce.
Tout le monde veut avoir son buzz avec des start up, des projets qui sont menés par l'envie de popularité, ce n'est pas ce qui m'épanouit. Je ne vais pas te mentir, bien sûr j'ai envie de vivre de ma musique, j'ai envie d'avoir du succès, mais je ne ferai pas des choses que je n'ai pas envie de faire pour avoir de la popularité. Je ferai toujours au mieux pour que ca plaise.
Et ca plait ! On a l'impression avec ce deuxième album que tu as trouvé ton style musical qui s'écarte totalement des premiers EPs. Comment le décrirais-tu ?
Opening et For We The Living suivent une vraie continuité, je me sens vraiment dans la même temporalité.
Impossible pour moi de décrire mon style musical. J'écris, je compose ma musique. Je n'aime pas les sons de synthétiseurs, je préfère les sons neutres et purs... Je pense que j'ai un son qui m'est propre. Bien sûr, je suis assimilé à quelques artistes, et personnellement je me sens proche du musicien Dream Koala, mais je pense avoir un style musical bien à moi.
« Je me pose la question si il faut faire des concerts lorsque l'on fait de la musique électronique »
En ayant ton propre style musical tu participes au développement de la « french touch », quelle est la valeur ajoutée que tu penses apporter à l'électro français?
Ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question (Rire).
Je n'ai jamais considéré qu'il existait une famille de la musique électronique. Parfois je me sens
plus proche d'un groupe de post rock que de certains DJ house. J'ai collaboré avec plusieurs
artistes pour composer leurs albums mais de mon point de vu, l'électro ce n'est pas un style
musical, c'est surtout une méthode.
Tu as notamment collaboré avec DJ Pone sur l'album Radiant, comment est-ce que tu as aidé Thomas à composer son album ?
À la base, Thomas est un DJ et un beat maker, il avait tout simplement besoin de transformer
des boucles, en morceaux.
Il a écrit toutes les rythmiques et il avait quelques démos de mélodies. Avec un passé dans le
rap Français, dans le groupe Birdy Nam Nam, puis chez ED Banger, je pense qu'il avait besoin
de quelqu'un pour lui faire assumer son envie de se calmer.
Tu as bien réussi à le calmer ! 'Radiant' est une vraie perle. De ton côté, avec l'enchainement de tournées et de concert, comment trouves-tu le temps de composer?
Je ne compose jamais en tournée. Je n'aime pas ca. Je préfère composer chez moi parce que j'adore associer des albums à des lieux. Mon premier album a été composé chez ma mère à Caen, le deuxième à La Réserve, un studio d'enregistrement que j'apprécie particulièrement.
Je ne compose pas sur le route car j'ai besoin de temps pour faire de la musique. C'est pour cela que je mets un an pour faire des albums de 30 min!
Le voyage est trompeur car tout est toujours en mouvement, donc tu ne cherches pas à le recréer dans tes morceaux. En composant dans l'avion ou dans le train tout te parait mieux. Tu as un clip en permanence qui défile sous tes yeux. Alors que lorsque tu es statique chez toi, tu as tout à créer.
Dans tes concerts tu cherches également à recréer ces voyages. Qu'est ce qui est important pour faire un bon concert de musique électronique ?
Au début, je me posais déjà la question s'il fallait faire des concerts lorsque l'on fait de la musique électronique. Car c'est une musique d'abord produite et enregistré avant d'être joué.
Ce n'est pas normal de se poser la question « comment je vais jouer ca en live ? ». Ca ne devrait pas se passer comme ca, on devrait juste le jouer.
Heureusement, j'adore la scène, j'essaye de donner vie à mes morceaux en leur créant un avant et un après qu'ils n'ont pas sur les albums. C'est pour cela que tout mon live est dans la même gamme musicale, transposé dans une seule tonalité.
Pour finir, si tu devais programmer un festival ce soir, quelles seraient tes trois têtes d'affiches ?
Bien entendu, Radiohead seraient headliners. Puis je mettrais Arca. C'est le producteur de
Bjork qui vient de sortir un troisième album qui est pour moi un véritable chef d'oeuvre. En parlant de chef d'oeuvre, je mettrais Bon Iver en troisième. Je pense que son dernier album 22 a million est ultime. Il a réussi a transformé la folk! C'est un artiste exceptionnel.
Merci à Gabriel pour ces quelques minutes ! Retrouvez Superpoze à l'affiche des festivals d'Europe cet été : Superpoze en concert
Interview de Maxime FREMY
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