INTERVIEW / Nous avons rencontré l'Impératrice à Musilac !
Infoconcert : Vous avez joué il y a quelques mois à Musilac Mont Blanc. Comment s'est passé ce live ?
Charles (fondateur du groupe, aux claviers) : C'était assez particulier car nous revenions de New York. Pour une partie du groupe, l'avion avait eu six heures de retard. Nous avons été catapultés sur scène devant le Mont Blanc. Nous sommes passés des grattes ciel de New York aux chaînes de montagne. C'était quelque chose de particulier et magnifique. Nous étions scotchés par le cadre.
Flore (chanteuse) : Nous sommes arrivés quarante minutes avant le début du concert, on a filé à la douche, sans savoir vraiment quelle heure il était. C'était très bizarre mais nous en avons un très bon souvenir.
Infoconcert : La femme fait partie intégrante de votre projet. Pourtant, jusqu'en 2015, Flore n'était pas présente au sein du groupe. Comment s'est faite l'idée de l'intégrer ?
Charles : A la base, tout part d'un sentiment assez féminin, que j'ai découvert quand j'ai commencé à composer les morceaux. J'ai décidé d'appeler cela L'Impératrice car c'était un sentiment que j'ai trouvé très émotif et très sensible. L'idée d'intégrer Flore au projet était assez spontanée. Nous ne voulions pas avoir de voix au départ pour proposer autre chose qu'un format pop classique. Il a fini par manquer quelque chose. Les morceaux étaient composés, mais pour le format live, c'était plus difficile à défendre. Nous ne sommes pas non plus quelque chose de trop électronique, notre musique a plein d'images, d'émotions et de sensations. Je pense que, inévitablement, il nous a fallu une voix. Les planètes se sont bien alignées, j'ai rencontré Flore lors d'un concert, et assez spontanément, elle a rejoint le groupe.
Infoconcert : Dans votre album Matahari, il y a un côté assez rétro. Comment s'est développée l'idée de partir dans un style aussi original ?
Charles : C'est le point d'orgue de ce projet. On utilise des instruments de ces années là, ça vient de nos influences. On a du mal à se sortir de ces années là, qui sont facilement, par ce qu'elles exprimaient à l'époque, adaptables au live. C'est une vraie musique de musiciens, et pas d'ordinateur. Il y avait quelque chose de très axé sur le groupe, sur la danse, sur l'image, sur le fantasme. Nous aimons cultiver cet héritage.
Infoconcert : Vous avez fait un morceau avec Isaac Delusion. Comment les styles ont réussi à converger pour rester dans cette signature ?
Charles : Nous sommes sur le même label qu'Isaac Delusion. C'était le premier groupe que nous avons côtoyé et vu grandir, évoluer. On les a vu passer à la radio, faire des concerts, alors que nous commencions à peine notre projet. Nous avions une fascination un peu enfantine pour ce qu'il faisait. D'ailleurs, nous l'avons toujours : le chanteur, Loïc, a une voix extraordinaire. Tout s'est fait de la manière la plus spontanée et naturelle. Pour le premier morceau que nous avons fait, Sonate Pacifique, c'est même lui qui a proposé de poser une voix.
Infoconcert : Dans la même idée que Juliette Armanet, on pourrait penser que vous êtes inspirés par Starmania. Est-ce vrai ?
Charles : Je ne sais pas, en tout cas pas sur l'image de ce que ça évoque. Peut être dans le côté chansons, dans le fait que c'est ancré dans une époque. Il y a eu des très belles choses dans Starmania, une richesse sans précédent, mais je pense que nous sommes un peu moins dans la variété.
Infoconcert : Ces dernières années, avec des groupes comme La Femme, la chanson française se débride et s'ouvre de plus en plus. Si il n'y avait pas eu cette ouverture, auriez-vous pris le tournant de la chanson en français ?
Charles : Je ne sais pas. C'est compliqué d'analyser l'arrivée d'une tendance. Je pense que tout est cyclique, la chanson française a eu une part assez forte pendant de nombreuses années, a été décriée. Quelque chose de très décomplexé revient. La Femme a été un peu le fer de lance de tout ça. Comme beaucoup d'autres groupes, nous nous sommes dit que c'était le moment d'y aller.
Infoconcert : Est-ce que ça change quelque chose au niveau de la réception ?
Flore : Pour le public francophone, oui. Je sais aussi que j'arrive beaucoup plus à interpréter une chanson qui est dans ma langue, qu'un morceau en anglais. Nous avons mis beaucoup de temps à écrire ces paroles. Nous avons fait très attention à ce que l'on disait. Un morceau en français, de base, va beaucoup plus me toucher. Je ne fais d'ailleurs pas très attention aux paroles en anglais, c'est quelque chose qui vient après. La mélodie me touche avant les paroles, dans les chansons en anglais.
Interview par Sébastien MARTINEZ