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Biographie de Kofs
L’enfance de Kofs est tristement banale : des parents venus en France depuis leur Algérie natale, une fratrie de cinq enfants qui grandissent à Marseille, cité Air Bel. Foued Nabba naît en 1990 et se passionne très jeune pour la musique. Il assimile la pop qui déferle à la télé et découvre le rap via ses grands frères, bousillés aux sons de Salif, IAM ou Alibi Montana. « Quand j’écoutais “Marie” de Johnny, j’aimais les sonorités mais je ne comprenais pas forcément. Par contre les rappeurs, eux, parlaient de ce qu’ils vivaient, et nous à Marseille on vivait la même chose. C’est ça qui m’a plu, je me suis reconnu dans leurs paroles. »
Très vite et très jeune, Kofs se lance dans l’art de la rime, avec des crews éphémères. Rien de sérieux pour ses collègues, mais lui comprend vite que c’est avec sa plume qu’il va s’imposer. Son inspiration ? Sa propre vie, cabossée et sur la marge. « Ma voix est cramée, je ne peux pas faire autrement. J’écoute tout ce qui se fait, mais je m’inspire de mon vécu. Ce que je raconte, ça n’est pas le pire. Je ne dis pas tout. Mais tout ce dont je parle, c’est du réel. » Aussi réel que son blaze, Kofs, résumé des noms de ses amis des années galère, Khaled, Omar, lui-même Foued et Sofiane.
Les premiers enregistrements de Kofs se retrouvent vite sur le net, mais les choses deviennent sérieuses quand il rencontre Maurice, un producteur qui a son propre studio et va lui donner sa chance. « J’ai croisé Maurice une première fois quand j’avais 16 ans, je lui avais fait écouter une maquette avec plein de titres de moi et d’autres collègues et il a dit “Le mec à la voix rauque, il peut faire quelque chose.” Dix ans après, je suis retourné dans son bureau et je lui ai dit que je savais ce que je voulais faire. Il m’a présenté à Comm qui est devenu mon manager, ça a commencé. »
Et ça commence fort avec une série de “chapitres”, des titres surpuissants où Kofs révèle une personnalité à l’épreuve des balles. “Paradis”, “Maître Cohen” et “Genèse”, accompagnés de vidéos soignées et percutantes, font passer Kofs au stade supérieur. « Comm m’avait dit “On fait trois clips et au troisième, on signe.” Ça faisait 15 ans que je rappais et je n’y croyais pas mais je l’ai fait, parce que j’aimais ça. Après “Genèse”, les maisons de disques ont tapé à la porte. Grâce à ce grain, cette image sombre que je transmettais. Ils ont vu que je n’avais pas de limites, pas de frein, c’est ce qu’ils ont kiffé. Ça paraît simple dit comme ça, mais c’était énormément de travail. » Une fois le deal verrouillé avec Universal, Kofs se lance dans la conception de son premier album. La signature ne change pas la composition de son équipe : Maurice et Comm pour le biz et l’image, Lars-N l’ingé son du studio MAP et 6Lexx Beatz pour les prods.
Le but de Kofs : raconter une histoire, comme un scénario rapologique qui irait encore plus loin que ses désormais fameux chapitres. N’hésitant pas à surprendre son public, Kofs décide d’incorporer dans son hardcore des refrains chantés. « Ça m’a demandé beaucoup de taf. Avec l’autotune, tout le monde sait chanter mais si tu n’as pas la vibe, rien ne te donnera le flow. » Le duo de beatmakers 6Lexx Beatz se taille la part du lion dans les sons de “V”, le titre d’album qu’a choisi Kofs. « Je parle de vrai, de vécu, de violence, de vengeance, de vie… Je voulais un titre qui définisse ce projet, et “V” évoque tout ça. »
En parallèle à sa carrière d’artiste rap, Kofs infiltre aussi le milieu du cinéma. Une rencontre avec le réalisateur Karim Dridi convainc ce dernier de lui donner un rôle important dans son polar Chouf, présenté en 2015 au Festival de Cannes. D’autres rôles suivent (Paul Sanchez Est Revenu de Patricia Mazuy, La Nuit Je Mens de Stéphane Batut) mais pour l’heure, ce qui compte, c’est “V”, disque qui entend bien frapper les esprits et faire bouger les têtes. En 14 titres, Kofs parcourt le spectre des émotions et trimballe l’auditeur dans un voyage au cœur de l’enfer, dans un univers où les histoires de gangsters finissent mal, où l’urgence pousse aux pires extrémités mais où subsiste malgré tout une lueur d’espoir. De “Violence”, le titre événement de l’album, jusqu’au brutal “Koschtowski” en passant par l’intrigant “Elena” et son texte à double sens, Kofs impose sa personnalité à grands coups de punchlines rauques et de beats sauvages. Et n’hésite pas à se livrer, évoquant notamment ce père parti trop vite dans l’émouvant “Je Saigne”.
Un seul featuring sur “V”, mais quel feat : SCH rafale sur “La Moisson”, un duo organique né de la rencontre des deux MCs. « SCH connaissait Comm, il l’a contacté et le S est venu me voir dans mon quartier. On a discuté, j’ai vu qu’on avait la même mentalité et on a décidé de faire un morceau. On l’a écrit ensemble, on a tout fait ensemble. C’est un vrai titre, tu l’entends dans le son. Il y a des croisés, c’est pas chacun son couplet, c’est pas un feat internet, c’est humain ».
« C’est bien beau d’y arriver mais le plus dur c’est d’y rester », disait Le Rat Luciano. « C’est sûr qu’on va y arriver, et on va tout faire pour y rester », complète Kofs. Une affirmation qui prend racine dans la force de ce premier album, signé à la pointe du micro par un “V” qui deviendra Victoire.
Olivier Cachin
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