DJE BALETI

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Biographie de Dje Baleti

Au commencement, il y a deux aires géographiques, la Méditerranée et les Caraïbes, deux régions métissées fort éloignées l'une de l'autre, qui fusionnent dans les veines de Jérémy Couraut, fondateur et leader de Djé Balèti. Un père d'origine cubaine né à Caracas, une mère aux racines siciliennes et tunisiennes, élevée au Venezuela : ses parents, hippies, l'entraînent dans tous leurs voyages.

Il a six ans : la tribu pose enfin ses valises à Nice. Dès lors, la question de l'identité ne cesse de le hanter. « Qui suis-je ? », (se) demande-t-il, inlassablement. Pour résoudre l'énigme, il faudra des quêtes multiples, d'infinis voyages, ponctués d'un exil parisien : « Avec la distance, j'ai perçu d'où j'étais, dit-il. De Nice, terre où j'avais vécu le plus longtemps ; de cette ville, que j'ai fui en courant ; de cette cité aux accents méditerranéens qui parlent fort en moi ». Pas la Nice abîmée par le « pognon » et les « promoteurs immobiliers », non ! Plutôt « Nissa la bella », aux fières allures italiennes, la Nice d'un carnaval tellurique et païen, la Nice brouillonne et gouailleuse, où se croisent en toute anarchie une Russe friquée, griffée Chanel, et un Napolitain venu œuvrer sur le port ; la Nice de la « lingua franca », cette langue antique de la mer, qui fait claquer ses sonorités et sa musique. Avec la vie, les racines de Djé Balèti se parent d'autres couleurs : le rose de sa ville d'adoption, Toulouse, ses héritages occitans, les rêves de cette « Linha Imaginot » des Fabulous Trobadors. Toujours entre deux cultures, le « cul entre deux chaises », Djé ? « Disons que je peux choisir sur laquelle je m'assoie... », rigole-t-il.

Sa quête d'identité, Jérémy l'accomplit en musique. A la source, il y a, bien sûr, les vinyles de ses parents : Hendrix, Led Zeppelin, les Stones... Au fil du temps, il tente de s'émanciper, de définir sa propre bande-son, de trouver sa voie. Serait-ce le blues ? « Quand j'ai entendu dans une rue de la Nouvelle Orléans une chanteuse donner corps à son quotidien, conter l'histoire de ses ancêtres avec ses tripes, j'ai renoncé à la copier. Je me suis dit que je devais aller plus loin en moi, chercher la source ».. Jérémy reprend alors la route, bourlingue à la recherche de son idéal musical : il joue de la musique des Balkans, de la java parisienne, traîne avec des gnaoua, bosse dans une école de musique au Brésil, appréhende la musique du Sud de l'Inde...

Finalement, la réponse viendra d'un livre d'Annie Sidro, historienne du carnaval de Nice. Sur une gravure, au milieu des trompes énormes du mythique « Orchestre de la Vespa » (l' « Orchestre de la guêpe »), un instrument à cordes : l'espina, une « épine », un « dard », un instrument allongé, au corps de calebasse, aujourd'hui disparu. Jérémy demande à Jérôme Desigaud, luthier, d'en façonner un. Lui-même l'électrifie. Il a trouvé son langage. « Sans les références liées à la guitare ou au saz, je jouissais désormais d'une liberté totale ! » Il lui faudra le mariage de deux rythmes, qui donnera le « pica doun pica » (traduction joyeuse : « ça tape où ça peut »), soit un mélange vagabond, en équilibre sur le temps, entre le ragga ou le côco toulousain et la tarantella italienne, si présente à Nice, pour être totalement émancipé.

Le trio Djé Balèti avec Frederic Mialocq à la batterie et Sophie Ramia Medina à la basse, bouleverse les rapports scène-public : un chamboule-tout qui ne date pas d'hier ! Las de l'anonymat d'usage dans les concerts, de cette société de consommation qui transforme tout citoyen en spectateur passif, bouche ouverte dans l'attente de la « becquée » culturelle, Jérémy organise, dès la fin des années 1990, des bals endiablés (« balèti », en occitan) et accompagne, à la fin des années 2000 « Bombes 2 Bal » et « Familha Pastorelli » (Gigi de nissa).

Entre concerts, bals, carnavals... autant de mouvements cathartiques, pour se libérer des pressions sociétales et appréhender une façon de mieux vivre ensemble !

2024

Aujourd'hui Djé Balèti présente Potion, un quatrième album conçu comme un antidote d'amour aux grands maux de l'époque, le trio mêlant dans l'athanor prières psychédéliques, fièvre païenne et emprunts poétiques au répertoire occitan.

Dans Potion, Djé Balèti s'inscrit d'abord dans le geste carnavalesque avec des chansons contestataires en français et en nissart qui proposent de subvertir les arcanes du pouvoir pour le rendre au peuple. Ainsi avec "Français", le trio s'en prend-il à l'hypocrisie de nos fiertés nationales en invoquant la force rebelle de l'afrobeat, qui sert aussi la critique des puissants dans "L'Aumône". Au procès des excès destructeurs du capitalisme, "Sega" invite le kayamb et la pulse incandescente du ternaire maloya à conjurer le sort quand
"Gargantua" s'appuie sur la satire rabelaisienne pour laisser exploser un ras-le-bol rock purificateur à l'espina - ici modifiée à grand renfort de pédales d'effets. Faudrait-il pour nous sauver que "Le Miracle" advienne ? Oui ! répond Djé Balèti avec ce cri du cœur sous forme de prière païenne, dont le final à la fureur métal n'a d'égal que l'urgence à renouer avec l'élément terre. Et puisqu'il est toujours bon d'avoir des compagnons de lutte, de fête ou de voyage, Djé Balèti invite sur "Jongala" des allié.e.s de longue date, la chanteuse Maïa Barouh et Fixi à l'accordéon, à célébrer la confraternité.

Mais pour s'assurer du succès de son opération-transmutation, dans Potion, Djé Balèti fait aussi appel aux forces mystiques de l'outremonde. Voilà pourquoi le disque s'ouvre sur "Amiat", un titre à la transe douce qui s'adresse aux sirènes de la mythologie occitane pour tenter de réinventer les relations hommes-femmes. Idem dans "Potion", qui explore le potentiel électrique de deux bourrées aveyronnaises issues du p(m)atrimoine oral afin de mettre un terme au patriarcat et aux violences de genres. Ici, Djé Balèti peut aussi compter sur l'aide des "Ancêtres" et celle de la "Grana Maire", figure de la déesse-mère qui s'incarne à Nice à l'endroit de la grotte des Ratapignatas, caverne mythique qui accueille depuis des siècles de sacrées cérémonies. En griot occitan ou troubadour électrique, Jérémy Couraut s'autorise un texte des plus personnels avec "Lo Jorn", une complainte blues basée sur une mélodie traditionnelle corse pour chanter, telle l'épopée d'Ulysse, la nostalgie de celui qui un jour quitte son pays et peine à trouver le chemin du retour. Les cycles de la vie, de l'amour, de la mort : c'est ce qu'honore finalement "Ve I A", un morceau habité qui s'inspire d'un chant de berger béarnais.

Avec Potion, Djé Balèti confirme ainsi son statut d'alchimiste rock des grands suds - option transe et guérison collectives. À découvrir sur scène sans plus attendre car mèfi ! En live, le trio décoiffe, à mi-chemin entre le pow-wow anticapitaliste, le bal populaire et le rituel charivari. (Copyright : Jeanne Lacaille, 2024)

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